Louis Ginsberg, 1997.
Les légendes des juifs. La création du monde, Adam, les dix générations, Noé, coll. Patrimoines Judaïsme, Paris, Cerf et Institut Alain de Rothschild, 332 p.


Le présent livre est le premier volume de la version française du monumental ouvrage intitutlé The Legends of the Jews, paru en 7 volumes entre les années 1909 et 1938. La présente traduction, réalisée par Gabrielle Sed-Rajna, témoigne de toute l'importance qu'on reconnaît encore plus de cinquante ans après à cet immense travail de compilation réalisé par Louis Ginsberg (1873-1953), ancien professeur au Jewish Theological Seminary de New York. C'est aussi dire toute l'attention que les francophones intéressés par le judaïsme ancien devront apporter à cet ouvrage qui, à n'en pas douter, enrichira grandement leur culture juive.

Ce premier volume se présente sous deux aspects. D'une part, en partant du Tanak, l'auteur nous raconte, sous la forme d'une narration continue, l'histoire d'Israël, qui va de la création du monde jusqu'à la Tour de Babel, en passant par Adam, Ève, Caïn, Abel, Seth, Énosh, Hénoch, Mathusalem, Noé et Nimrod &emdash; pour ne nommer que les principaux personnages présentés &emdash; (voir Genèse 1-11), embellie et enrichie de récits imaginaires, d'anecdotes, de paraboles, mais aussi de réflexions savantes (p. 7-133). D'autre part, ce récit, qui se lit comme un roman, se fonde sur une érudition très impressionnante, dont les éléments sont donnés en notes (p. 134-315). Or, ce sont précisément ces très nombreuses notes (près du deux tiers du livre!), où on retrouve les références généreusement et savamment commentées, qui font de ce livre un instrument de travail presque indispensable pour tous ceux qui s'intéressent non seulement à la littérature rabbinique, mais aussi à l'histoire de la réception des premières pages du Tanak. En effet, le lecteur qui ne craindra pas de pénétrer dans le dédale de ces notes y trouvera des perles peu connues du judaïsme rabbinique (Talmud, Midrash, Targum, etc.), du judaïsme hellénistique (Philon d'Alexandrie, Flavius Josèphe, etc.), de la littérature apocryphe et gnostique (de la tradition juive aussi bien que chrétienne), voire même de la théologie patristique.

On ne peut donc que remercier les éditeurs du Cerf d'avoir rendu accessible au public francophone ce trésor de la littérature juive et espérer voir paraître sous peu la traduction française du reste de cette oeuvre qui, en dépit de son âge, rendra d'excellents services à tous les spécialistes du judaïsme ancien.

 

Jean-Jacques Lavoie

Université du Québec à Montréal

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